L’esthétique de la coiffure africaine est une exposition photo magnifiant les coiffures traditionnelles africaines, qui a eu lieu en Septembre dernier dans le canton de Genève, en Suisse.
Cette évènement a été organisé par la Camerounaise Léandra Guyleine Zouame, qui bénéficié du concours de trois photographes : Ariane Mawaffo (Suisse – Cameroun), Clément Calloud (Suisse – Italie – France) et Merlin Guyllermo (Allemagne – Cameroun).
Mettre en valeur les coiffures africaines traditionnelles
En 2017, Léandra Guyleine Zouame fonde l’association ABA Sikolo, destinée à informer, éduquer, et aider ces enfants à renouer avec leurs racines africaines. Un an plus tard, elle crée Loëka Concept, un projet artistique qui, dit-elle, « a pour objectif de mettre en valeur le cheveu crépu africain à travers différentes coiffures, plus ou moins élaborées, la plupart s’appuyant sur un héritage culturel et esthétique en provenance du continent africain. »
Passionnée par le cheveu crépu qu’elle arbore fièrement, Léandra met désormais tout en œuvre pour partager les secrets de coiffure de la femme africaine. Cette jeune mère de famille vivant en Suisse depuis dix-neuf ans, veut mettre en avant la question d’identité et d’affirmation de soi. Ces expériences professionnelles l’ont sensibilisées à la situation des enfants d’afro-descendants qui vivent en Europe.
Car en effet, en plus d’être un marqueur identitaire, ces coiffures ancestrales comportaient des références et des symboles d’appartenances sociales ou parfois une signification.
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On retrouve par exemple des tresses au fil camerounaises, qu’on appelle aussi « Suis-moi ». « Ce sont des tresses au fil qui se suivent,reliées les unes aux autres. Cette coiffure était portée par des femmes qui étaient à la recherche d’un mari. Lorsqu’elles arboraient cette coiffure, les hommes savaient qu’elles étaient à la recherche d’un époux. »
Comme de nombreux autres types de coiffures, les tresses sont apparues il y a bien longtemps sur le continent africain au temps de l’Egypte ancienne.
A travers cette exposition photo, Léandra Guyleine Zouame fait sortir ces coiffures africaines des livres d’histoire et des musées pour les réadapter au goût du jour, tout en permettant aux générations actuelles à se les réapproprier. Il s’agit donc d’établir un pont entre passé et présent, entre les pratiques esthétiques de nos aïeux et celles qui ont cours aujourd’hui.
Cette évènement rappèle à ceux qui l’ignorent encore, que le cheveu crépu, lorsqu’il est travaillé, donne naissance à une esthétique particulière, avec sa signification propre.
Un combat de réappropriation du cheveu
Aujourd’hui encore, les stéréotypes forgés au fil des siècles qui dévalorise les populations noires, et qui ont culminé avec l’esclavage et la colonisation, restent très vivaces en France et partout dans le monde.
Juliette Smeralda, sociologue martiniquaise, nous rappelle, dans son essai intitulé Peau noire, cheveu crépu. L’histoire d’une aliénation, paru aux éditions Jasors, que ce complexe s’explique par : « l’hypothèse de l’existence d’une représentation collective négative du cheveu crépu, intériorisée au plan individuel par les porteurs. »
Nous avons tous des fausses idées reçues sur le cheveux crépus et frisés qu’il faut combattre. Il faut pour cela comprendre notre l’histoire et en révéler les causes.
Juliette Smeralda explique : « Se pourrait-il que l’attirance qu’éprouve la femme aux cheveux crépus pour les cheveux longs entretienne un lien de type aliénant avec d’anciens fantasmes de voyageurs occidentaux ou de colonisateurs plus généralement ? Quel rôle joue, par médias interposés, la levée des frontières géographiques entre les mondes jusque-là repliés sur eux-mêmes ? Quel rôle joue la domination politico-économique de l’Occident, et les effets de plus en plus manifestes du processus d’acculturation des populations du Sud aux valeurs occidentales dominantes, dans la symbolique rattachée au cheveu court, et qui en fait un signe de pauvreté et de basse extraction sociale ? »
Ensuite elle poursuit « Il n’est pas superflu de signaler qu’avant la dévalorisation subie par le cheveu crépu, dans les sociétés du « Nouveau Monde » notamment, la coiffure reflétait dans un grand nombre de sociétés africaines, l’âge, le clan, l’occupation, le statut social, voire les préférences et les fantaisies individuelles, qui permettaient de concevoir les designs les plus extravagants par leur originalité. La coiffure témoignait de la sensibilité et des affections particulières de son concepteur… Certaines créations en la matière défiaient même l’imagination : elles étaient si élaborées, si compliquées, que de grands professionnels afro-américains de la coiffure contemporaine, qui ont tenté de les répliquer, avouent n’y être pas parvenus encore. »
En résumé, accepter son identité et son corps passe aussi par l’acceptation de son cheveu. Apprivoiser son cheveu au naturel pour réaliser de magnifiques coiffures est ce qui fera de vous des Reines !
On continue en vidéo avec Crazy Sally :
Source : TV5monde
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